
Après une formation « classique » à la peinture occidentale à l’Université de Chungnam, Noh Sanghee délaisse peu à peu la seule pratique du dessin et de la peinture pour s’intéresser à tous les medium, y compris numériques, et à tous les croisements qu’il se pourrait faire jusqu’à être aujourd’hui, pleinement, un artiste d’installations.
Cela ne signifie pas ici la désincarnation, bien au contraire, son travail est éminemment personnel et ne cesse d’interroger sa place, et la nôtre, dans la société. Le monde, dans la perception de Noh Sanghee, est devenu le lieu d’expositions à toutes sortes de contraintes devenues purement systémiques, qu’il s’agisse de la pollution des particules fines, microscopiques et donc invisibles, ou de ce qu’est d’être une femme rentrant seule chez elle le soir. Il s’intéresse à cet intangible que l’on ressent on ne peut plus concrètement sur soi et dans son organisme.
Aussi son œuvre cherche à décoder pour le restituer dans le monde sensible tous ces systèmes qui nous pèsent. Le monde est particules, atomes, poussières, pixels, code, et dans notre présent de flux constants et dématérialisés il était naturel que l’art numérique notamment soit parmi les meilleurs médiums pour exprimer ce qui nous travaille de l’intérieur. Il restitue en jeux de lumières et de son les mesures de particules fines saturant l’air, l’électrocardiogramme de femmes racontant des événements traumatiques ou malaisants, incorporant aussi dans ces ensembles des œuvres peintes et dessinées, comme pour figer un peu d’immanent dans l’impermanence.
Il ne faut pas, chez lui, se leurrer sur la froideur apparente des concepts. C’est une œuvre extra-sensible au sens littéral des termes, à laquelle GartGi est fière de donner accès : ses toiles ne sont pas que des fragments d’un ensemble, chacun est un tout qui s’est fait l’enregistrement de l’instant de son exécution, l’installation en ayant été le contexte.